La CSI exhorte le Cambodge à mettre fin à la répression syndicale et à libérer les dirigeants syndicaux emprisonnés

La CSI condamne l’arrestation et les poursuites engagées le 31 juillet contre Rong Chhun, président de la confédération syndicale Cambodian Confederation of Unions (CCU) et syndicaliste célèbre au Cambodge. Il a été arrêté pour ses propos sur les pertes de terres agricoles et les irrégularités constatées au niveau de la démarcation de la frontière entre le Cambodge et le Vietnam.

Rong Chhun a récemment sollicité la libération de quatre enseignants emprisonnés pour avoir critiqué le gouvernement et donné des cours en ligne alors que les écoles étaient fermées en raison de la Covid-19. Il a appelé de ses vœux à une amélioration des droits humains avant que le Cambodge ne perde ses préférences commerciales avec l’UE le 12 août. Il est à l’origine de manifestations à Phnom Penh pour demander le respect des droits des travailleurs et des travailleuses licenciés à l’usine Violet Apparel.

Au moins sept manifestants et membres du CCU ont été arrêtés alors qu’ils exigeaient, malgré les mises en garde du gouvernement, la libération de Rong Chhun et de Sor Saknika, présidente du syndicat des travailleurs informels Cambodian Informal Labourers’ Association (CILA). Suite à son arrestation, le 7 août, en même temps que deux autres membres, Sor Saknika a été placée en détention préventive pour incitation à commettre un délit. Le 10 août, Ouk Chayavy, ex-présidente du syndicat enseignant Cambodian Independent Teachers’ Association (CITA), a été agressée par des malfaiteurs inconnus alors qu’elle rentrait chez elle à moto après avoir rendu visite à Rong Chhun en prison. Elle dirige la campagne Libérez Rong Chhun et prépare des requêtes à soumettre aux Nations Unies et aux représentants de divers pays.

Le gouvernement cambodgien réprime la liberté d’expression pour les syndicalistes et les dissidents, afin de réduire au silence les syndicalistes et les travailleurs qui manifestent leur mécontentement. La récente interdiction administrative d’organiser des manifestations publiques à Phnom Penh sans accord préalable ainsi que le projet de loi sur l’ordre public vont limiter davantage, et à grande échelle, le droit de rassemblement pacifique et les libertés fondamentales.

En février, la CSI et la CES ont soutenu la décision de l’UE de suspendre les préférences commerciales accordées au Cambodge dans le cadre de l’initiative Tout Sauf les Armes, compte tenu du manque d’amélioration de la situation des droits humains et syndicaux. Le 12 août, la suspension partielle des préférences douanières favorisant l’accès du Cambodge au marché européen est entrée en vigueur.

La CSI et les Fédérations syndicales internationales exhortent le gouvernement cambodgien à abandonner les poursuites et à libérer Rong Chhun et les autres personnes détenues. Nous soutenons les recommandations du Rapporteur spécial des Nations Unies sur la situation des droits humains au Cambodge. Le gouvernement cambodgien doit respecter le droit des organisations de la société civile d’entreprendre des activités et d’organiser des rassemblements pacifiques sans surveillance, sans harcèlement juridique ni recours à des forces de police excessives.

Liens vers les déclarations et les dernières données relatives à la campagne: