Journée internationale des populations autochtones : il est temps de promouvoir et de faire respecter les droits

Nous célébrons les richesses culturelles et linguistiques des populations autochtones, et reconnaissons leur connaissance du monde naturel qui peut être une source d’inspiration et d’orientation pour préserver les écosystèmes dans le contexte de la crise climatique et environnementale.

Pendant trop longtemps, les populations autochtones ont à la fois été opprimées et marginalisées, héritage de siècles d’asservissement systématique, de mépris pour leur culture et d’exploitation abusive de leurs terres par les puissances coloniales et néocoloniales.

Partout dans le monde, des groupes autochtones se voient refuser le droit à l’autonomie ou l’accès à des terres auxquelles ils sont reliés depuis d’innombrables générations. Du Paraguay à la Palestine, ils sont dépossédés par l’expansionnisme des entreprises ou l’impérialisme des États. Une grande partie des 476 millions d’autochtones dans le monde sont contraints à l’apatridie et sont ainsi privés du droit à des soins de santé décents et de protections de l’emploi.

Nombre d’entre eux sont déplacés alors que leurs terres, et les revenus qu’ils peuvent en tirer, sont volées ou polluées, comme c’est le cas en Amazonie, en Amérique du Sud. Les extractions et les pollutions sur ces territoires sont une menace pour nous tous puisqu’elles contribuent au changement climatique et à la dégradation écologique.

Les peuples autochtones sont confrontés des formes extrêmes d’exploitation. Au Guatemala, au Cameroun et au Népal, des lois et des pratiques discriminatoires les poussent vers la servitude pour dettes ou d’autres conditions de travail s’apparentant à de l’esclavage. Même lorsqu’ils bénéficient d’une protection étatique et institutionnelle, leurs foyers sont fréquemment déplacés bien loin de leurs ressources.

La lutte pour les droits

L’incapacité constante à faire respecter les droits des peuples autochtones et à faire participer ces derniers aux processus politiques et de prise de décisions conduit à leur stigmatisation institutionnelle et à leur déshumanisation.

En Australie, les aborigènes représentent 3 % de la population nationale, mais 29 % de la population carcérale. Au Canada, les femmes autochtones risquent douze fois plus de subir des violences sexistes et sept fois plus d’être tuées que d’autres groupes de femmes. Pendant des dizaines d’années, le Canada a appliqué un régime cruel d’assimilation consistant à arracher les enfants à leur famille et à les placer dans des foyers où ils ont subi des maltraitances ou ont été tués ; nombre d’entre eux sont toujours portés disparus.

Dans des pays comme les Philippines, le Honduras, le Chili, le Pérou, le Brésil, le Guatemala et la Colombie, les dirigeants autochtones sont victimes d’arrestations arbitraires, de disparitions forcées, de menaces de mort et de meurtres.

Des recherches tendent à indiquer que le taux de personnes vivant avec un handicap est plus élevé au sein des populations autochtones, parallèlement aux multiples autres formes de discrimination. Certains se sentent également exclusdes discours et des conceptions du handicap qui prédominent dans l’hémisphère nord.

La pandémie de Covid-19 a révélé nombre d’inégalités et de systèmes d’oppression qui existaient déjà au sein de nos sociétés. Le taux de décès lié au coronavirus est bien plus élevé chez les Amérindiens que dans les autres groupes démographiques. Cette situation est liée à des siècles d’inégalités structurelles, impliquant que les populations autochtones vivent habituellement dans des logements surpeuplés ou ont moins accès à de bonnes infrastructures sanitaires ou à des soins de santé abordables.

Ailleurs, les populations autochtones sont défavorisées par une hiérarchie vaccinale, comme c’est le cas au Brésil où seuls les habitants des territoires « légalement délimités » peuvent accéder à la vaccination.

Pour les syndicats, la lutte pour les droits des travailleurs et des travailleuses doit inclure les droits des peuples autochtones. Alors que seuls 24 États ont ratifié la convention (no 169) relative aux peuples indigènes et tribaux, 1989, elle n’est que faiblement appliquée par les pays signataires. Les syndicats doivent faire campagne en faveur d’une ratification généralisée et d’une application effective de la convention no 169.

La convention no 169 a certes des failles, mais sa ratification et son application efficaces, en parallèle de celles de la convention (no 105) sur l’abolition du travail forcé, 1957, doivent faire partie intégrante d’un nouveau contrat social en vue de bâtir un avenir inclusif, socialement juste et résilient pour tous et toutes. Un avenir qui s’appuie sur la diligence raisonnable en matière de droits humains, une protection sociale universelle et des investissements dans des services publics de qualité pour tous les citoyens.

En cette Journée internationale des populations autochtones, la CSI est solidaire des peuples autochtones, des syndicats, des travailleurs, des militants et des mouvements qui luttent pour les droits et l’inclusion des autochtones.